28 avr. 2013

Vers la commercialisation des symboles de l'architecture.


Certains plans de Richard Neutra© ont été récemment proposés à tout un chacun contre paiement bien entendu afin de pouvoir se faire sa propre maison estampillée "Neutra©" infos >>ici<< et si vous voulez la votre >>là<<. Après les starchitectes que les villes s'arrachent comme de véritables marques pour redorer leurs images aux yeux des investisseurs et des touristes. Nous entrons dans la phase de commercialisation des marques symboles de l'histoire de l'architecture !!!

Un chef d'œuvre de l'architecture ne devrait pas rester la propriété exclusive d'un riche collectionneur de villas modernes. Il n'y a donc au final rien de choquant à construire et construire encore la même maison aussi emblématique soit-elle. Nous sommes maintenant habitués à l'immoralité de notre société de consommation libérale mais de là à cloner des maisons d'architectes, soit ils n'ont plus d'imagination, soit ils en ont trop...

Il est vrai que la série des Case Study Houses, dont font partie certaines maisons de Neutra©, avaient comme objectif d'établir un nouveau model d'habitat pour une production industrielle. Mais la plus grande réussite de ces maisons n'est elle pas justement que la mission ait partiellement échouée et que ces maisons soient restées uniques ? Ont ils pensés que ces maisons prennent toutes leurs forces dans leur site majestueux ?

Allons jusqu'au bout du processus, pourquoi ne pas vendre les plans de toutes les maisons emblématiques une fois leurs architectes disparus ?  Traitons les chef-d'œuvres du modernisme comme de vulgaires maisons Phoenix pour que tout le monde en ait une!!!

Case Study House n°22© avec vue sur les 4000

















si tout le monde veut sa Falling Water® faisons des lotissements... 


















Le Corbusier® au fond d'une impasse en raquette, ça existe presque déjà... ici

5 mars 2013

Du crow-funded à l'open-source : la ville nous appartient !

Les projets urbain en crow-funded se multiplient. Que ce soit à Rotterdam (Pays-Bas) où les habitants, la société civile et les acteurs économiques peuvent acheter une planche gravée en leur nom pour financer la construction d'un pont piéton, ou encore à Flasgtaff (Arizona, USA) où les donateurs pour la construction d'un espace public de centre-ville ont pu laisser des messages personnels dans la brique...les citadins deviennent ainsi les principaux financeurs des opérations d'urbanisme.



Flagstaff, Arizona, USA : 
les habitants, contributeurs financiers de l'espace public, écrivent des histoires dans le pavé


Et si la puissance publique s'efface et que le citoyen devient le principal financeur de l'espace urbain, il devient légitime et quasi-incontournable de lui demander son avis. Mais bien plus qu'un entépénultième processus de concertation stérile, pourquoi ne pas lui donner les moyens d'agir directement sur l'espace public ? C'est là que l'urbanisme open-source intervient...

Revenons à l'origine. Qu'est-ce que l'open source en informatique ? Pour résumer, c'est une forme de logiciel dont le code source (la "charpente" du programme) est mis à la disposition de l'ensemble des utilisateurs et peut être modifié (amélioré, personnalisé...) par eux. - pour plus de détails, lire ça - L'idéologie sous-jacente de l'open source est que le logiciel et les programmes informatiques appartiennent au patrimoine commun et ne sont pas des produits protégés et brevetés à tout va destinés au commerce.


Le concept d'urbanisme open source est aujourd'hui employé notamment par la plateforme BIMBY+ (Build in my backyard) qui met à disposition de tous les acteurs du périurbain, des habitants aux élus en passant par les promoteurs immobiliers, ses connaissances et ses forces de propositions sur la densification et le potentiel positif dont les zones pavillonnaires disposent. D'autres évoquent "la ville open source "comme une cité des start-up de logiciel libre et à un rôle de plus en plus actif des citadins dans la gestion locale. Le marketing urbain n'est pas en reste, en témoigne l'imaginaire proliférant de la ville collaborative où l'imagination semble prendre le pouvoir. 

A plus fine échelle, celle de l'espace public, la réflexion sur la ville open-source peut aller plus loin.  Bien sûr, il n'y a pas encore besoin de codes d'accès ou de licence commerciale pour accéder à l'espace public. Mais il vous est certainement déjà arrivé de regretter l'absence d'espace de convivialité sur telle grande place de rendez-vous urbain ou de pester contre des passages piétonniers placés trop loin par rapport aux flux quotidiens des piétons qui se dirigent vers la bouche de métro ou le centre commercial à proximité. La sécurité nous est imposée d'en haut (pas de bancs sur cet espace pour éviter tout regroupement agressif !) et le confort urbain souvent étudié d'un point de vue technique (si on place ce passage piétons très passant à la sortie du rond-point, bonjour les encombrements sur la chaussée..). Et si finalement, les meilleurs urbanistes, les designers urbains les plus pertinents étaient les habitants eux-même ?

Certains hacktivistes urbain n'ont pas attendu l'urbanisme open-source 
pour transformer la ville en terrain de jeux.

C'est là où l'on peut se demander si on ne pourrait pas appliquer à la fabrication même de l'espace urbain cette notion d'open-source. C'est-à-dire que l'on laisserait à la disposition des habitants le "code source" d'un projet d'urbanisme, sur un site internet dédié par exemple. Une petite partie de SimCity et chacun est libre de proposer les aménagements qui lui paraissent les plus intéressants. La récolte des petits projets individuels donneraient une vision d'ensemble des attentes et des envies des habitants, une vision peut-être plus évocatrice et ludique qu'une enquête statistiques ou des réunions publiques stériles.

Une fois les projets concrétisés et construits, on pourrait imaginer proposer aux citoyens des modèles pour la fabrication d'un banc public, d'un passage piéton ou d'un lampadaire, via des imprimantes 3D notamment (une forme de légalisation de l'hacktivisme urbain clandestin... à l'image de la récupération marketing du street art ?). On offrirait ainsi aux citadins un contrôle permanent de leur environnement, des espaces dans lesquels ils seraient libre d'écrire et d'inventer leur urbanité. Réduits à leurs fonctions "régalienne" (police, justice), les pouvoirs locaux s'effaceraient définitivement et rendraient aux habitants la gestion et l'imagination de leur ville.

18 févr. 2013

La retraite du chevalier noir : AR Drone & la ville justicière

S'il est un super-héros qui fait indéniablement corps avec la ville, c'est bien Batman, alias The Dark Knight.  Les trois derniers opus du héros de Marvel réalisés par Christopher Nolan montrent à quel point ce personnage n'est au final que l'âme vengeresse et assoiffée de justice de la société urbaine pervertie de Gotham City.


Le désespoir des habitants de la ville est si grave qu'ils s'en remettent, contre toutes les lois de la raison et de la démocratie, à un seul et unique juge vengeur anonyme. Ces films et les comics dont ils sont inspirés nous proposeraient-ils une vision prophétique de sociétés urbaines où le sentiment d'insécurité grandit et où l'impuissance des pouvoirs publics pour endiguer la violence est communément admise ?

Batman, le salut de villes en perdition ? Un gadget high-tech présenté en avant-première lors du dernier CES de Las Vegas nous fait dire le contraire. Non, nos villes n'auront pas besoins d'athlètes masqués en costume moulant suréquipés pour assurer la paix civile. Bruce Wayne peut ranger sa cape et son armure, la technologie vole au secours des citoyens désemparés. La ville de demain sera justicière où ne sera pas.


Rappelez-vous du sonar dans "The Dark Knight" (film n°2) qui permettait à Batman de capter les mouvements dans les moindres recoins de la ville pour débusquer le Joker. Quel moyen plus efficace de prévenir et punir le crime que d'avoir, sur un seul et même écran, des yeux et des oreilles aux quatre coins de la ville ? Alors bien sûr, des villes comme Londres où Los Angeles sont déjà suréquipées en surveillance vidéo. Mais pour dépasser la contrainte de l'immobilité et du champ fixe, des ingénieurs ont mis au point une caméra mobile volante, pilotable depuis un iPhone sur lequel sont retransmises les images capturées par la caméra.


Alors évidemment, c'est l'aspect ludique (voir ou ) de ces petits engins qui est mis en avant par les concepteurs. Mais imaginons un instant des centaines de ces petits robots volants vendus en grande distribution, dispersés dans toute une ville aux mains de n'importe quel citoyen: impossible alors d'échapper à l'oeil de Big Brother. La soif de paix civile et de sécurité fera de chacun de nous un criminel en puissance ou un justicier averti (...ou un espion indiscret ?)



Couplée à l'algorithme MinoryReportesque permettant d'anticiper le lieu et la période d'hypothétiques récidives d'actes criminels, ces yeux de lynx mobiles seront une arme de surveillance massive au service des forces de l'ordres ou de n'importe quel quidam. No more crime. Ou quand la technologie met Batman à la retraite.