30 avr. 2012

L'histoire s'acharne sur le triangle de Gonesse...

Pendant la Première Guerre mondiale, l'État Major avait entrepris la construction d'un double de Paris afin de piéger les pilotes allemands venus bombarder la capitale. À cette époque, les bombardements ont lieu uniquement la nuit à cause des progrès faits par les batteries anti-aériennes qui causaient trop de pertes en vol de jour. Les pilotes bombardent à vue, pas de radar encore moins de GPS, ils se repéraient donc avec les monuments éclairés et le dessin des axes de circulation ; chaque ville ayant une structure urbaine bien identifiable.


Ce projet un peu fou, qui semble bien dérisoire face à une escadre de bombardiers n'a pas eu le temps de montrer son efficacité, la signature de l'Armistice mettant fin aux combats peu après le début de la construction de ce leurre lumineux. Il ne reste donc pas grand chose de ce projet mais des documents précis montrent l'ampleur de l'entreprise. Les plans prévoyaient des structures rudimentaires en bois pour reconstituer les gares, les rues et les grands monuments, le tout éclairé la nuit grâce à la fée électricité. Une fois ce leurre en place, le vrai Paris devait être plongé dans le noir total pour finaliser l'artifice.


Xavier Boissel, dans son livre "Paris est un leurre" aux éditions Inculte, retourne sur les traces de ce double de Paris et fait le récit de l'arpentage du terrain, une expérience sémiologique plus qu'archéologique au vu du peu d'éléments restants. L'idée n'étant pas de chercher des traces effectives de ce leurre mais plutôt de sentir l'esprit du lieu, d'apprécier le travail du temps et les interprétations qui s'offrent à ceux qui regardent la réalité autrement. J'ai eu la chance de participer aux deux arpentages sur zone, à Herblay puis à Gonesse. Hasard géographique, mise en scène douteuse ou bug dans la matrice on fait de notre parcours un enchainement de découvertes chargées de sens... Sur le site A2, où devaient prendre place les reconstitutions de Saint Denis et des gares du Nord et de L'Est, le bunker qui défendait le générateur électrique abrite aujourd'hui un terrain de paint ball, on trouve également un stand de ball trap et le lieu du crash du Concorde... Dans cette zone où devait prendre place une des plus grande opération de désinformation visant à sauver Paris, on retrouve aujourd'hui une mise en scène de la guerre et l'endroit qui a profondément marqué l'histoire de l'aéronautique. (page web illustrant les parcours) Pour avoir le récit complet, achetez le livre ! :) 


Mais l'histoire ne s'arrête pas là. À peine remis de nos excursions, Auchan annonce vouloir construire le plus grand centre commercial d'Europe aux portes de Paris. Ce complexe gigantesque nommé Europa City devrait proposer  250 000m2 de commerces, 160 000m2 dédiés aux loisirs, 30 000m2 de salles de spectacles des studios et une piste de ski. 

Le site retenu pour installer cet équipement démesuré n'est autre que le triangle de Gonesse, l'endroit même où une partie du faux Paris devait prendre place... 

Quatre grandes agences planchent actuellement sur le projet. L'ampleur du programme oblige de travailler à l'échelle du territoire, la soucoupe volante de Big ou le soulèvement de sol de Snohetta reprennent cette idée en proposant de poursuivre le paysage rural sur le toit du complexe. Le projet de Valode et Pistre frôle de peu l'idée que vous devinez surement déjà, en proposant un carré abstrait en dessous duquel coule une "rivière"...


Lorsque l'on travaille un programme aussi important et diversifié, la question du plan régulateur se pose...
Après avoir suivi les traces du faux Paris, ce master plan est tout trouvé! Pourtant aucune proposition ne reprend la forme des rues de la capitale. En se fondant sur les traces du faux Paris, le projet prendrait une dimension historique et ironique, calquant la capitale pour lui offrir un double ludique. Jouant sur cette image et affichant une dose de second degré, le complexe commercial pourrait tenter de se substituer au vrai Paris, ceux qui ne cherchent que le fun et les boutiques ne seraient pas dérangés par l'absence de la tour Eiffel... Plus proche de l'aéroport, cette copie "idéale" permettrait de "parcourir Paris" sans même y mettre les pieds !!! Avant de succomber dans l'écueil du pastiche, nous sommes forcés de constater que la proche périphérie parisienne est déjà adepte du genre. Les villages fraîchement sortis de terre à Val Europe reprennent sans rougir les codes de l'habitat traditionnel francilien.

Ici il n'est pas question d'organiser une énième mise en scène post moderne, mais plutôt d'interpréter le tracé des rues de Paris comme base de départ pour que ce vaisseau du fun mondialisé et détérritorialisé se pose quelque part...

28 avr. 2012

[Rouen...La ville débordante] by City-in-Progress

Nous sommes heureux de vous présenter ce travail effectué dans le cadre d'un appel à projet lancé par la ville de Rouen. Il s'agissait de laisser libre cours à son imagination pour rêver le Rouen du futur.

Puisant dans de nombreux thèmes que vous pouvez retrouver à travers les articles de ce blog, nous avons proposé un projet axé sur les nouvelles pratiques "Fun" de la ville, au coeur d'un Rouen exagérément inondé.

Vous pourrez retrouver ce travail sous forme de maquette/présentation au cours de la prochaine exposition "RÊVER ROUEN" qui aura lieu dès le mois d'octobre au sein de l'Abbatiale Saint-Ouen de Rouen

(cliquez sur l'image pour afficher le diaporama) 

16 avr. 2012

Lille Terril nouveau panorama urbain

Une ville avec du relief c'est beau non ? Malheureusement, à Lille, le sol est désespérément plat. C'est pour cela que nous proposons de déplacer un terril au cœur de la métropole. Autrement plus utile que les bébés dinosaures noirs qui envahirent la rue Faidherbe pour la saison culturelle Lille3000 en 2009, cet emblématique repère offrirait un point de vue panoramique aujourd'hui absent sur la ville. Ses pentes deviendraient un nouveau point de rencontre de jour comme de nuit et un gradin naturel à l'échelle de la ville. Luge en hiver bronzette en été, voila un nouveau support pour de nouvelles pratiques urbaines que les lillois ne manqueront pas de s'approprier!  

il reste à déplacer les 24 000 000 de mètres cube du 11/19 non loin des tours de Jean Nouvel...